Pendant la pandémie COVID-19, nous ne présentons pas notre webémission en raison de problèmes techniques causés par une utilisation intensive d’Internet. Pourtant, nous offrons le texte en forme de bulletin afin de diffuser les informations au point sur l’effet du suicide assisté, l’euthanasie et d’autres pratiques de fin de vie sur la communauté des personnes en situation de handicap.
L’AMM PENDANT LA PANDÉMIE
- L’une des premières mesures prises pour lutter contre la pandémie du coronavirus a été l’annulation ou le report des procédures médicales électives; les opérations qui n’ont pas besoin d’être effectuées immédiatement pour sauver la vie ou la santé d’une personne, ou dont le report de la chirurgie n’aggravera pas sa condition. Un article dans le « journal of Patient Safety in Surgery » (publié le 31 mars) énumère cinq niveaux de priorité pour les procédures médicales:
- Les opérations « émergentes », comme la retraite d’une obstruction intestinale, une césarienne d’urgence ou la réparation d’un vaisseau sanguin, qui doivent être effectuées en moins d’une heure;
- Les procédures « urgentes » comprennent le retrait d’un appendice, la mise en place de fractures ouvertes (là où l’os traverse la peau) ou la stabilisation de lésions nerveuses ou médullaires qui doivent être effectuées dans les 24 heures.
- Les procédures « urgentes électives » sont celles qui devraient être effectuées dans les deux semaines et comprennent les opérations cardiaques et pulmonaires, les greffes de peau et la mise en place de fractures.
- Les chirurgies « électives essentielles » comprennent les biopsies et l’ablation du cancer, le remplacement non urgent des valves cardiaques, la réparation des hernies et l’hystérectomie, qui doivent être effectués dans les trois mois.
- Les opérations « électives et discrétionnaires » sont celles qui peuvent attendre trois mois ou plus et comprennent la chirurgie esthétique, la médecine sportive, la stérilisation, la chirurgie de perte de poids et les arthroplasties.
- Où le suicide assisté et l’euthanasie (le SA & E) se situeraient-ils dans l’échelle des procédures obligatoires et électives? Contrairement aux traitements « émergents » et « urgents », l’aide médicale à mourir (AMM) ne sauve pas des vies et n’entretient pas l’état de santé, elle serait donc dans le groupe des procédures « élective ».
- Même les prestataires d’euthanasie semblent admettre que l’AMM n’est pas nécessaire pour soulager la douleur. Les directives COVID-19 publiées par l’Association canadienne des évaluateurs et prestataires de l’AMM (ACEPA) stipulent que « L’AMM est une intervention non urgente en général ». Les directives de l’ACEPA mettent en garde contre le retard de l’AMM, non pas en raison de préoccupations liées à la douleur, mais parce que « la personne finira par ne pas l’obtenir en raison de l’évolution clinique de sa maladie (p. ex., patient devenu inapte ou décédé) ». L’ACEPA souligne que l’AMM sera probablement inutile pour les personnes atteintes de COVID-19 « qui devraient idéalement avoir déjà reçu des soins palliatifs et une sédation visant à leur procurer une mort paisible ». Ce sont des admissions étonnamment honnêtes de personnes qui promeuvent le SA & E.
- Alors que certains fournisseurs ont cessé de pratiquer l’euthanasie en mars, un réseau qui dessert la région d’Ottawa a repris après une semaine, tandis que d’autres ont recommandé des personnes vers différents établissements. Les rapports des médias (probablement déclenchés par un communiqué de presse de « Dying with Dignity ») affirment que la demande d’AMM a augmenté et qu’il y a eu quelques problèmes d’accès.
- Les pénuries d’équipements de protection individuelle et les éclosions du COVID-19 dans les établissements où se trouvent des personnes qui souhaitent l’euthanasie ont rendu difficile, selon les termes de l’ACEPA, « [l’impérative de] protéger la santé et la sécurité du personnel médical et infirmier ». (« La sécurité des patients et de leurs proches est une priorité ».)
- Une éventuelle pénurie de drogues est inquiétante, mais n’affecte pas l’accès aux SA et E. Les sédatifs utilisés dans la procédure d’euthanasie sont les mêmes que ceux qui permettent à quelqu’un d’utiliser un respirateur par intubation. Avec la forte demande des personnes atteintes de COVID-19 et dans l’absence de sociétés canadiennes produisant ces médicaments, certains médecins craignent qu’il n’y en ait pas assez pour assurer l’euthanasie. Jusqu’à présent, les médecins ont comblé le déficit en réduisant le nombre de doses de secours qu’ils apportent pour pratiquer l’euthanasie.
- Les évaluations d’admissibilité doivent être effectuées par vidéo ou par téléphone, plutôt qu’en personne. « Il convient idéalement d’effectuer les deux évaluations par télémédecine » selon les directives de l’ACEPA.
- Les conditions de quarantaine ont limité le nombre de personnes qui peuvent assister et exigent que ces personnes soient soumises à un dépistage pour une éventuelle exposition au COVID-19, que l’euthanasie se produise dans un établissement de santé ou au domicile de la personne.
- Comme l’AMM n’est pas autorisé dans toutes les unités de soins palliatifs ou aux hospices, la pratique habituelle de transférer la personne dans un autre établissement a été limitée pendant la pandémie.
- Une chose qui n’a pas changé pendant la pandémie; les médias continuent de jouer leur rôle de meneurs de claque pour le SA & E, s’appuyant sur « Dying with Dignity » comme source importante d’informations sur la pratique et de valoriser l’euthanasie.
- Si une urgence de santé publique exigeait que les procédures électives soient annulées, pourquoi l’AMM s’est-elle poursuivi? Si même les fournisseurs de AMM admettent que l’euthanasie est une procédure élective, pourquoi l’AMM s’est-elle poursuivie pendant cette pandémie? Si nous essayons de sauver autant de vies que possible, c’est un scandale que l’AMM a continué.