Archive des webémissions: L’euthanasie et la maladie d’Alzheimer

Cette semaine, nous discutons d’actualités sur l’euthanasie des personnes atteintes de démence.

Dans cet épisode de l’Euthanasie et l’incapacité, Amy Hasbrouck, Taylor Hyatt et Christian Debray discutent:

  • L’euthanasie et la maladie d’Alzheimer
  • L’Association médicale mondiale réaffirme son opposition au SA & E

Veuillez noter que ceci n’est qu’un script et notre webémission inclut des commentaires additionnels.

L’EUTHANASIE ET LA MALADIE D’ALZHEIMER

  • Nous avons récemment appris l’existence de deux incidents d’euthanasie dans lesquels le problème de santé était la maladie d’Alzheimer.
  • La première s’est produite en Colombie-Britannique en 2017 et a été décrite dans un article du Globe and Mail du mois dernier. Comme la plupart des articles sur le suicide assisté et l’euthanasie (SA & E), l’article était favorable à l’aide médicale à mourir (l’AMM) et évoquait la peur de l’incapacité, avec des phrases telles que « la descente dans la démence est pénible en toutes circonstances ».
  • L’article décrivait les conditions dans lesquelles Mary Wilson, une femme de 74 ans, déclarait ne pas vouloir vivre. « Je ne veux pas être placé dans une maison de retraite, et je ne veux pas vivre après le jour où je ne peux pas reconnaître [mon mari] ou les enfants, ni ma sœur et mon frère ». Bien que ces conditions n’aient rien à voir avec la douleur ou des symptômes physiques, elle a néanmoins bénéficié du « soutien total » de son mari et de ses enfants pour mourir, dès que son « esprit admirablement réglé » ne pouvait plus fonctionner à la hauteur de ses normes habituelles.
  • L’auteur crée une tension dramatique en soulignant la difficulté de planifier l’euthanasie en tenant compte des exigences que Mme Wilson doit être dans un état de déclin irréversible, que sa mort soit devenue « raisonnablement prévisible » et qu’elle est encore compétente à donner son consentement lorsque l’euthanasie était effectuée.
  • Le processus est arrivé à son dénouement à l’été 2017, lorsque le mari de Mme Wilson a été hospitalisé et ne pouvait plus l’aider dans ses activités quotidiennes comme s’habiller. Ceci, ainsi que d’oublier « pour un instant éphémère » qu’elle a eu trois enfants (et pas seulement celui dans la pièce avec elle), est offert comme remplissant les conditions qu’elle a énoncées pour sa mort.
  • Dans un article du Sunday Edition du 27 octobre, la CBC reprend l’histoire de l’euthanasie de personnes atteintes de démence en racontant le décès d’un autre résident de la Colombie-Britannique, Gayle Garlock, en août dernier. Comme le journaliste du Globe and Mail, l’auteur de la CBC a supposé que la perte de capacité intellectuelle équivalait à une « souffrance intolérable »; dans le cas de M. Garlock, être incapable de lire. Comme dans l’autre article, le reportage de CBC décrit les médecins comme des défenseurs héroïques du droit de la personne de choisir de mourir, sans demander si cette personne disposait de toute une gamme d’options pour vivre. Les journalistes n’ont rien dit sur les moyens de soutien nécessaires pour faire face à la perte de mémoire et aux capacités intellectuelles, s’adapter à la nouvelle réalité et vivre confortablement chez eux jusqu’à leur mort naturelle.
  • Voici quelques idées à réfléchir.
  • Les deux articles font référence aux lignes directrices (seulement en anglais, malheureusement) établies par l’Association canadienne des évaluateurs et des prestataires de l’AMM (ACEPA) pour évaluer les demandes d’AMM émanant de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence. Ces lignes directrices stipulent qu’« il n’appartient pas au clinicien qui évalue l’éligibilité à l’AMM de diagnostiquer formellement la démence, mais il peut être nécessaire que ce clinicien se forme un avis sur la présence, la durée, l’impact et le type de déficience cognitive ou démence ». L’ACEPA définit les critères de la démence (désormais appelé « trouble neurocognitif majeur ») du Manuel de diagnostic et de statistique (DSM-5), dont le premier est « la preuve d’un déclin cognitif significatif ». Les lignes directrices énumèrent de nombreuses causes du déclin cognitif qui peuvent être guéris, notamment les problèmes de thyroïde, la dépression, l’apnée du sommeil, les carences en vitamine B-12, les effets secondaires des médicaments et les toxines dans l’environnement. Les recommandations disent ensuite « Le clinicien qui évalue l’éligibilité au d’AMM n’est pas responsable du test et de l’exclusion de ces facteurs contributifs éventuels, mais devrait s’assurer que des efforts raisonnables ont été déployés pour les exclure et/ou les atténuer. » Si la personne qui prend la décision de vie ou de mort n’est pas responsable, qui l’est?
  • Certaines personnes pourraient indiquer que le moment d’exécution et le style de ces deux articles sont la preuve d’une campagne menée par des groupes pro euthanasiques tels que Dying with Dignity afin de renforcer la tolérance du public à l’égard de l’euthanasie des personnes atteintes de démence. Ces mêmes personnes pourraient également considérer que le choix de la question de Lise Pigeon au sujet de l’AMM lors du deuxième débat en langue française fait partie d’un effort similaire visant à obtenir l’appui public à la décision du procureur général de ne pas faire appel de l’arrêt Truchon. Ces personnes sont-elles paranoïaques, cyniques et blasées, ou simplement perspicaces et réalistes?
  • Enfin, l’idée que, ne pas savoir lire ou « énumérer les noms et les dates d’ascension de chaque monarque britannique depuis l’année 1066 » équivaut à une souffrance intolérable, ressemble à de l’élitisme. Pour Amy, qui dépend de la mémoire, de la logique et de la déduction pour interpréter l’apport visuel très limité dont elle dispose, perdre une capacité mentale reviendrait à perdre une partie de sa vision, mais cela ne vaut certainement pas la peine de mourir. Être entouré de personnes en situation de handicap et avoir une déficience signifie apprendre à accepter les personnes telles qu’elles sont, à prendre une journée à la fois, qu’il existe plus d’une façon de faire avancer les choses et d’apprécier les choses importantes de la vie.

L’ASSOCIATION MÉDICALE MONDIALE RÉAFFIRME SON OPPOSITION AU SA & E

  • Dans un communiqué publié le 26 octobre 2019, l’Association médicale mondiale a réaffirmé sa politique de longue date d’opposition au suicide assisté et à l’euthanasie par un médecin.
  • Lors de son assemblée annuelle à Tbilissi, en Géorgie, l’Association a adopté une déclaration révisée sur l’euthanasie et le suicide assisté par un médecin. Tout en s’opposant au SA & E, la déclaration dit « le droit de refuser un traitement médical est un droit fondamental du patient et le médecin n’agit pas contrairement à l’éthique en renonçant ou en s’abstenant de prodiguer des soins non désirés, même si le respect de ce souhait entraîne la mort dudit patient ».
  • L’Association définit l’euthanasie comme « l’acte volontaire d’un médecin d’administrer une substance létale à un patient ou de réaliser une intervention visant à causer son décès, à la demande de ce dernier et à condition qu’il soit en capacité de prendre cette décision. »  Le suicide assisté désigne « permettre délibérément à un patient en capacité de prendre cette décision de mettre volontairement fin à ses jours en lui prescrivant ou en lui fournissant des substances médicales qui causeront son décès. »
TVNDY