Archive des webémissions: La famille d’un homme de la Colombie-Britannique conteste son admissibilité à l’euthanasie

Cette semaine, nous discutons de l’histoire d’un homme qui a été euthanasié avant que les circonstances de sa suicidalité ne soient traitées.

Dans cet épisode de l’Euthanasie et l’incapacité, Amy Hasbrouck, Christian Debray et Taylor Hyatt discutent:

  • La famille d’un homme de la Colombie-Britannique conteste son admissibilité à l’euthanasie

Veuillez noter que ceci n’est qu’un script et notre webémission inclut des commentaires additionnels.

LA FAMILLE D’UN HOMME DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE CONTESTE SON ADMISSIBILITÉ À L’EUTHANASIE

  • Cette semaine, nous examinons les événements entourant le décès d’un homme de la Colombie-Britannique qui a été euthanasié en juillet. Selon la famille de cet homme, les professionnels de la santé n’ont pas identifié la demande d’aide médicale à mourir (l’AMM) comme étant liée aux antécédents de maladie mentale, et ont déterminé à tort que son décès était « raisonnablement prévisible ». Nous avons reçu le témoignage de sa famille de la part de « l’Euthanasia Prevention Coalition, » qui les aide dans leur appel à une enquête officielle sur son décès.
  • Alan Nichols avait des troubles de la mobilité, de l’audition et de la vision, ainsi qu’une lésion cérébrale causée par un cancer infantile qui entraînait certaines limitations cognitives et psychiatriques. Il vivait de manière indépendante, avec un soutien informel de son frère Wayne (qui l’emmenait faire les courses toutes les semaines) et de Gary (qui l’aidait à gérer ses finances). Il a pris sa retraite après une longue carrière au sein d’un district scolaire et d’une pépinière, recevant un soutien financier de sa famille ainsi qu’une pension. Dans ses temps libres, M. Nichols aimait voyager, pêcher et faire de la randonnée.
  • La décision de M. Nichols de cesser de prendre des antidépresseurs et d’autres médicaments a provoqué l’instabilité et, selon ses frères, l’a amené à faire de mauvais choix pour lui-même. M. Nichols menaçait parfois de se faire du mal en ne mangeant pas (bien que Wayne ait remarqué que les courses qu’il achetait chaque semaine étaient toutes mangées et qu’Alan ne maigrissait jamais). Il hésitait à utiliser une marchette ou un scooter électrique et refusait d’utiliser des appareils pour améliorer sa vision et son audition. Il n’a pas vécu avec de la douleur.
  • En juin 2019, M. Nichols avait du mal à s’adapter à certains changements importants dans sa vie:
    • Son frère Wayne avait l’intention de voyager à travers le Canada et ne serait donc pas disponible pour emmener Alan faire les magasins pendant plusieurs semaines.
    • Un voisin préféré se préparait à s’éloigner; et
    • L’épicerie où il magasinait a récemment fermé.
  • Les événements qui ont conduit à sa mort ont commencé le 16 juin, lorsque la voisine de M. Nichols eut réalisé qu’elle ne l’avait pas vu depuis quelques jours. Elle a informé Wayne, et a appelé la GRC pour le surveiller. Les policiers ont trouvé Alan « affaibli… de ne pas manger ni boire » et ont contacté Wayne pour lui dire qu’Alan était admis à l’hôpital local « pour sa propre santé et sa sécurité ». Quand Gary est arrivé d’Edmonton, Alan lui a demandé de l’aide à « s’évader » de l’hôpital. Alan a été transféré dans l’unité psychiatrique le 17 juin et a refusé les visites de son frère.
  • Pendant son séjour à l’hôpital, M. Nichols a déclaré que sa prothèse auditive ne fonctionnait pas correctement. Le personnel a donc utilisé un tableau blanc et un marqueur pour communiquer avec lui.
  • Après plusieurs appels et courriels demandant une mise à jour, Gary a été informé le 27 juin qu’Alan avait été transféré une semaine plus tôt dans l’unité PATH (Évaluation du patient et transition vers son domicile). Gary a appelé et envoyé des courriels à l’unité PATH pour demander des informations sur l’état de santé de son frère, mais a appris que le médecin d’Alan était en vacances. Il a enfin réussi à parler à un travailleur social qui a déclaré qu’Alan « mangeait, marchait, parlait, fréquentait d’autres patients dans l’unité. Il se débrouillait bien. » Il n’y avait pas de question d’une demande d’AMM.
  • Le médecin d’Alan a appelé à Gary le 22 juillet et l’a informé de la demande de l’AMM, quatre jours avant l’euthanasie.
    • La femme de Gary, Trish, a parlé au médecin le même après-midi. Elle a expliqué que le désir de mourir d’Alan découlait probablement d’une dépression et d’une colère non résolue. Le médecin a déclaré que bien que la santé d’Alan s’était améliorée depuis son admission à l’hôpital, il avait un « droit légal » à l’aide médicale à mourir. Le médecin « avait demandé à Alan à plusieurs reprises s’il voulait vraiment mettre fin à ses jours, et il avait reçu une réponse affirmative à chaque fois ».
    • Bien que le médecin ne pense pas que la mort soit la meilleure solution, elle lui a remis les formulaires de demande. Dès que la demande d’euthanasie a été approuvée, personne d’autre qu’Alan n’a pu l’arrêter. Les frères Nichols ont appris par la suite que son médecin ne faisait pas partie de l’équipe qui avait déterminé son admissibilité.
    • Le personnel de l’hôpital a réussi à convaincre Alan de recevoir sa famille avant son décès.
  • Alan a célébré son 62ème anniversaire le 23 juillet; sa tante a envoyé des fleurs, le personnel a fourni un gâteau et ses frères ont appelé pour lui souhaiter un bon anniversaire.
  • La veille de sa mort, son frère Gary et sa belle-soeur Trish ont rendu visite à Alan et ont rencontré son travailleur sociale. Gary a déclaré qu’il prévoyait de se rapprocher d’Alan après sa retraite l’année prochaine. La famille d’Alan a remarqué qu’il se tournait souvent vers son travailleur sociale pour se rassurer en répondant aux questions et pour s’assurer que rien n’empêcherait l’euthanasie. Ils se demandaient si cela voulait dire que la décision de mourir n’était pas vraiment la sienne.
  • Le jour de l’euthanasie de M. Nichols, il ne semblait pas se soucier de la présence de sa famille; il ne parla pas et haussa les épaules lorsque l’infirmière lui dit qu’il serait nécessaire d’essayer à nouveau de trouver une veine pour l’injection. Il ne voulait pas regarder les messages que sa famille avait écrits sur le tableau blanc le priant de changer d’avis, puis il est devenu agité et a crié: « C’est trop tard! C’est mon moment à moi! »
  • Lorsque le médecin est arrivé, la famille a fait part de ses préoccupations concernant le manque de soutien dont Alan avait bénéficié pour son état psychologique. Le médecin a déclaré: « Nous ne pouvons légalement empêcher les gens de faire de mauvais choix et nous ne devrions pas juger Alan pour cela. »
  • La famille a demandé à passer autant de temps que possible avec Alan, pour explorer d’autres modes de vie et même des possibilités offertes dans les villes où vivaient ses proches. Lorsque son médecin a dit à Alan que sa famille « voudrait essayer de rebâtir leur relation avec vous », Alan s’est de nouveau fâché, affirmant que son médecin n’était plus de son côté et que ses frères n’étaient pas des parents de sang. Même après s’être calmé, Alan a continué à exiger que l’euthanasie soit faite immédiatement. Il a reçu l’injection mortelle vers 10h le 26 juillet 2019.
  • La principale cause de décès figurant sur le certificat médical de décès de M. Nichols était « l’AMM », les conditions « sous-jacentes » étant énumérées, notamment:
    • un accident vasculaire cérébral qu’il avait eu des années auparavant, dont il avait récupéré;
    • son épilepsie, pour laquelle il n’avait pas eu besoin de médicaments depuis près de 15 ans. Il n’avait signalé aucune crise depuis une décennie; et
    • deux tumeurs au cerveau qui ont été enlevées chirurgicalement il y a 50 ans.
  • Les frères Nichols ont découvert que l’euthanasie d’Alan avait été initialement prévue pour le 19 juillet. Selon la famille, l’infirmière praticienne qui devait effectuer l’injection a interrompu la procédure à la dernière minute, car elle s’inquiétait du manque de contact avec la famille d’Alan, l’absence de son médecin (qui était en vacances à ce moment-là) et le manque de documentation de ses dernières volontés dans un testament.
  • Alan n’avait pas de testament, de directive préalable, de procuration nommant un mandataire spécial ou de tout autre document exposant ses volontés avant de présenter sa demande d’AMM. Selon la famille, l’organisation qui gérait l’hôpital a maintenu qu’un testament soit nécessaire pour accéder à l’AMM. Il a été rédigé à l’hôpital le 12 juillet, en présence du travailleur social de l’hôpital, et un notaire local a été nommé exécuteur testamentaire. Les frères n’ont pu rencontrer le notaire qu’après la mort d’Alan. Bien que le notaire ait également trouvé étrange qu’aucun des proches d’Alan n’ait été contacté à l’avance ni désigné exécuteur testamentaire, il a dit à Gary que rien ne pouvait être fait.
  • La famille de M. Nichols cherche maintenant à faire appel à un avocat pour obtenir les documents liés à son cas, en particulier l’examen par le médecin de la procédure d’euthanasie. Ils croient qu’Alan Nichols n’était pas éligible à l’AMM pour plusieurs raisons:
    • il était incapable de prendre une décision en raison de son état psychiatrique, des facteurs de stress externes, de sa colère et de ses sentiments suicidaires;
    • il n’a pas ressenti de douleur ou d’inconfort qui a atteint le niveau de « souffrance intolérable »;
    • sa santé n’était pas dans un état avancé de déclin irréversible; et
    • sa mort naturelle n’était pas « raisonnablement prévisible. »
  • L’accent mis par notre société sur les soins en institution pourrait également avoir contribué à la mort d’Alan Nichols.
    • Il aurait été un candidat idéal pour un arrangement décisionnel soutenu qui serait légalement reconnu. Mais les efforts de ses frères pour devenir son tuteur avaient échoué et l’arrangement informel qui en résultait, bien que rentable dans le cours normal des choses, échoua sous le stress. Le résultat a été que le personnel médical n’a pas consulté les personnes qui l’ont aidé à maintenir son style de vie stable et indépendant lors d’une décision de vie ou de mort.
    • La famille d’Alan et ses médecins l’ont encouragé à essayer de vivre dans un établissement résidentiel comme solution « évidente » à son isolement et à ses difficultés à prendre soin de lui-même. Il a résisté, préférant s’accrocher à l’autonomie et à la spontanéité qu’il avait chez lui. D’autres modèles de vie autonome assistée devraient remplacer les soins en établissement en tant qu’option « par défaut ».
  • C’est tragique quand une personne se tue, quelle que soit la raison. Nous continuons de croire que la société ne doit pas intervenir et faciliter cet acte final irrévocable.
TVNDY