Dans cet épisode de l’Euthanasie et l’incapacité, Amy Hasbrouck, Taylor Hyatt et Christian Debray discutent:
- La journée internationale de la femme – l’incapacité et le fémicide – partie I
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LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME: L’INCAPACITÉ ET LE FÉMICIDE – PARTIE I
- Le 8 mars est la Journée internationale de la femme. Nous allons parler cette semaine et la prochaine de la manière dont les femmes en situation de handicap sont particulièrement vulnérable à se faire tuer, qu’il s’agisse de violence domestique, de suicide assisté ou d’euthanasie (le SA & E). Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la violence domestique.
- L’Initiative canadienne de prévention de l’homicide domestique (dont le site web est exclusivement en anglais) a publié l’an dernier une étude (disponible en français) explorant les tendances de la violence domestique menant à l’homicide pour trois « populations vulnérables »: les immigrants, les enfants et les personnes vivant dans des zones rurales. Un article de Global News sur le rapport indique que les femmes en situation de handicap ont été (encore une fois) laissées de côté. Bonnie Brayton, directrice générale du Réseau Action des femmes handicapées du Canada (DAWN/RAFH), a qualifié cette omission de « pratique courante et problématique. »
- L’article faisait référence à un rapport publié en mars 2018 par Statistique Canada, qui documentait la violence autodéclarée contre les personnes en situation de handicap vivant dans la communauté en 2014. Le rapport révélait que les femmes avec déficiences étaient plus susceptibles que les hommes handicapés ou les femmes non handicapées d’avoir été volées ou agressées physiquement ou sexuellement.
- Les femmes avec déficiences étaient deux fois plus susceptibles que les femmes non handicapées d’avoir été victimes d’un crime violent.
- Les femmes ayant une incapacité étaient presque deux fois plus susceptibles que les femmes non handicapées d’avoir été agressées sexuellement au cours des 12 derniers mois.
- Parmi les victimes de crimes violents, les femmes en situation de handicap étaient presque deux fois plus susceptibles que les femmes non handicapées d’avoir été victimisées plus d’une fois au cours des 12 mois précédant l’enquête (36% contre 20%).
- Parmi les personnes ayant une incapacité qui ont été des victimes de violence conjugale, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’avoir subi les formes de violence les plus graves, d’avoir subi des blessures corporelles, d’avoir craint pour leur vie, et d’avoir demandé de l’aide.
- Environ le quart des femmes ayant une déficience cognitive (24%) ou une déficience liée à la santé mentale (26%) ont été abusées sexuellement avant l’âge de 15 ans.
- Bien que le rapport indique que « les personnes ayant une incapacité, en particulier les femmes, sont aussi plus à risque d’être victimes de violence conjugale » et cite plusieurs études dans ce sens, il n’indique pas combien de personnes sont agressées par leur conjoint.
- Le rapport de Statistique Canada n’inclut pas les plus de 500 000 personnes vivant dans « un établissement de soins de santé ou dans un établissement connexe. » Comme nous l’avons déjà dit, les conditions en établissement sont souvent abusives, dans la mesure où la personne n’a pas la vie privée ou le contrôle de son quotidien, et parce que la violence se produit souvent dans des environnements résidentiels, commis par le personnel ou d’autres résidents.
- Étant donné que les informations contenues dans le rapport de Statistique Canada sont fournies par la personne elle-même, il est fort probable que ces femmes sous-déclarent les actes de violence commis par des professionnels de la santé, des conjoints, des membres de la famille ou d’autres personnes fournissant des soins ou des services.
- Le rapport de Statistique Canada indique en outre que, bien que les personnes avec déficiences subissent le même type de violence que les personnes non handicapées, elles font également face à des formes uniques de maltraitance, telles que la rétention ou la dissimulation des médicaments, des aides à la mobilité, du matériel d’adaptation ou des dispositifs médicaux, ou l’auteur refuse de fournir des soins personnels essentiels.
- Un nouveau rapport de DAWN / RAFH souligne d’autres problèmes uniques rencontrés par les femmes en situation de handicap:
- Les femmes qui essaient d’utiliser les services sociaux ou pour personnes avec déficiences rencontrent souvent des obstacles. Une étude de violence contre les femmes musulmane a constaté qu’ « une femme en situation de handicap avait été ignorée par les services destinés aux immigrants aussi bien que par les services destinés aux personnes en situation de handicap, qui estimaient qu’elle n’appartenait pas à la catégorie de prestataires qu’ils avaient le mandat d’aider. »
- Le risque de violence est plus élevé chez les femmes handicapées minoritaires, jeunes, autochtones, immigrantes LGBTQI, non citoyennes ou vivant dans des zones rurales.
- La violence cause souvent un handicap. Le tableau 6 du rapport de Statistique Canada montre que la violence a causé plus de « blessures corporelles » et de «difficultés à mener des activités quotidiennes » chez les personnes avec déficiences que chez les personnes non handicapées. Selon Dick Sobsey (un expert dans le domaine de la maltraitance et des personnes en situation de handicap) « 10 à 15% des lésions cérébrales et 15 à 20% des lésions de la moelle épinière résultent de la violence. »
- Les femmes ayant une incapacité ont de la difficulté à quitter une situation de violence pour nombreuses raisons, notamment:
- Un manque de fonds pour subvenir à leurs besoins;
- Une dépendance assujettie à l’agresseur pour l’aide avec les soins personnels;
- Un manque de moyen de transport;
- Pas de services de violence domestique accessibles dans leur région, ni d’information sur les services accessibles disponibles;
- Ne sachant pas que leurs expériences comptent comme des abus;
- L’isolement social et la ségrégation, surtout dans les zones rurales ou les réserves;
- Un manque de logement adapté;
- De mauvais traitement et manque de respect ou d’aide des prestataires de services;
- Un manque de compétences pour subvenir à leurs besoins et
- Ne pas être cru ou avoir minimisé les abus.
- En 2009, DAWN / RAFH avait reçu un nombre limité de réponses à un sondage nationale sur l’accessibilité et les installations (NAAS) des refuges pour victimes de violence domestique. Parmi les réponses 75% ont déclaré avoir une entrée accessible aux fauteuils roulants, 66% des refuges offraient des chambres et des salles de bains accessibles aux fauteuils roulants, 17% des refuges offraient un langage gestuel et 5% des supports de lecture en braille. Tous les refuges exigent des femmes qu’elles prennent en charge leurs soins personnels. Alors que 97% des refuges ont déclaré avoir hébergé des femmes ayant une incapacité à un moment donné, 45% des refuges ont refusé des femmes en situation de handicap. Plus de 10% des refuges ont déclaré qu’ils étaient « incapables » d’accueillir des femmes souffrant de troubles psychiatriques.
- Parfois, comme dans le cas de Michel Cadotte, des personnes prétendent que tuer leur conjoint est un acte de « miséricorde » ou que leurs actions ont été provoquées par un stress grave. Dans son article intitulé « A Woman’s Choice » (Choix d’une femme), Katrina George cite plusieurs études sur les meurtres par pitié et les meurtres-suicides pour soutenir son point de vue selon lequel « la mort assistée des femmes reproduit des schémas de violence fondés sur le sexe. » Dans ces études, la grande majorité d’agresseurs ont tué leurs épouses ou partenaires intimes malades ou handicapés, et les hommes ont exercé une domination, un contrôle et une possession sur les femmes.
- Des liens additionnelles: