Archive des webémissions: Les CHSLD au Québec

Une webémission sur: les abus et autres problèmes dans des CHSLD au Québec, y compris le recours collectif intenté par Daniel Pilote.

Dans cet épisode de l’Euthanasie et l’incapacité, Amy Hasbrouck et Christian Debray discutent:

  • Les résidents prennent des mesures contre les conditions déplorables dans les CHSLD au Québec

Veuillez noter que ceci n’est qu’un script et notre webémission inclut des commentaires additionnels.

LES RÉSIDENTS PRENNENT DES MESURES CONTRE LES CONDITIONS DÉPLORABLES DANS LES CHSLD AU QUÉBEC

  • Nous avons souvent dit que les soins en établissement ne sont pas la meilleure option pour de nombreuses personnes ayant une incapacité. La perte de contrôle sur sa vie, le manque de vie privée, l’impossibilité de poursuivre une carrière et une éducation, les horaires rigides et bizarres et vivre avec des personnes d’une autre génération réduisent la qualité de vie des personnes en situation de handicap.  Par exemple, une femme de Rivière-du-Loup a célébré son 34e anniversaire avec des voisins deux fois plus âgés et loin de sa famille après qu’elle a dû changer de résidence quatre fois en un an.
  • C’est pourquoi nous croyons que des services d’assistance personnelle autogérés doivent être disponibles pour ceux qui préfèrent vivre chez eux dans la communauté. Ce n’est pas une solution parfaite; gérer un équipe de préposés n’est pas facile, il peut être difficile de trouver des employés fiables et des abus se produisent de temps en temps. Mais le ratio de personnel et la capacité de la personne à contrôler la manière dont son argent est dépensé améliorent les chances d’un résultat satisfaisant.
  • Beaucoup de personnes qui suivent les intérêts des personnes en  situation de handicap ou qui ont des parents âgés sont conscientes des nombreux problèmes liés aux établissements. En 2017, les incidents suivants ont fait la une.
  • Les médias au Québec ont signalé un nombre croissant d’incidents causés par une mauvaise hygiène et un manque de personnel dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).
    • Un CHSLD en Gaspésie n’a pas donné à ses résidents des bains complets – seulement la toilette à l’éponge – pendant plusieurs années.
    • Un homme de Sherbrooke a été laissé au lit toute la journée parce qu’il manquait de personnel pour l’aider, même pour aller aux toilettes. Il a été forcé d’aller à la selle et de rester assis dans ses selles pendant une journée entière.
    • Les résidents d’un foyer de soins de Laval n’ont pas eu de repas ni de bain, tandis que l’employée qui a signalé le problème a fait l’objet de mesures disciplinaires.
  • Un défenseur québécois, Daniel Pilote, se bat pour des réparations. À 56 ans, il est un « jeune » résident d’un CHSLD de Saint-Jean-sur-Richelieu. M. Pilote habite dans un établissement depuis quatre ans parce qu’il n’est pas admissible au service de soins à domicile autogérés. Il compare l’établissement à la vie en prison sans être coupable d’un crime.
  • Chaque matin, il est aidé à se laver, à s’habiller et à s’asseoir sur son fauteuil roulant en à peu près 10 minutes. Expédier ces tâches essentielles quotidiennes provoque des erreurs dangereuses et douloureuses. Sa trachéotomie n’est parfois pas nettoyée correctement, ce qui rend la respiration plus difficile et lui sape l’énergie.  De plus, il est parfois blessé lorsque les préposés le déplacent de façon brutale.
  • Si vous visitez sa page Facebook, vous pouvez voir des photos d’aliments peu appétissants que les résidents ont reçus.  « Il se sent humilié, maltraité et déprimé », ce qui affecte jusqu’à son « désir de vivre »
  • M. Pilote a utilisé les médias sociaux pour communiquer avec les résidents d’autres CHSLD sur les conditions ailleurs au Québec. Il collabore actuellement avec le Conseil pour la protection des malades (CPM) pour obtenir une indemnisation au nom des résidents des CHSLD où les services sont « inappropriées, insuffisantes et déficientes » et qu’ils « constitue[nt] une atteinte aux droits protégés par les articles 1 et 4 de la Charte québécoise des droits et libertés des membres, à l’article 10 du Code civil du Québec et à la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité. »
  • M. Pilote est le représentant désigné des demandeurs, ainsi que  le CPM, dans un recours collectif intenté en juillet contre les agences régionales de la santé et des services sociaux du Québec. Les plaignants représentent environ 37 000 résidents des CHSLD de la province. Le texte de la plainte est disponible en ligne.
  • La poursuite allègue que la province enfreint les droits conformément à la charte et aux statuts des plaignants en ne respectant pas les normes de base en matière d’effectifs et d’hygiène, en ne fournissant pas les services requis par la loi et en obligeant les résidents à payer des préposés « au noir » pour les services nécessaires. Les pratiques contestées comprennent:
    • Le fait de n’offrir qu’un bain par semaine;
    • ne pas emmener certains résidents non incontinents aux toilettes, et de leur imposer plutôt d’évacuer dans leurs couches;
    • ne pas changer assez souvent les couches;
    • ne pas offrir une hygiène dentaire suffisante;
    • ne pas offrir de suivi médical;
    • ne pas être en mesure d’assurer une prise de médicaments respectant les prescriptions;
    • Le fait d’avoir recours, de manière abusive, aux antipsychotiques pour retenir et calmer les résidents;
    • Une utilisation excessive de moyens de contentions physiques;
    • Ne pas offrir des activités de stimulation physique, intellectuelle et sociale;
    • Servir des repas qui ne sont pas appétissants ou nutritifs;
    • Ne pas donner assez de temps pour nourrir les personnes qui ont de la difficulté à manger;
    • La Facturation des biens et services qui doivent être inclus, tels que:
      • Les services de buanderie;
      • Les bains ou changer les couches;
      • Les produits d’hygiène, comme le savon, le shampoing et le dentifrice;
    • Le fait de laisser les résidents combatifs sans surveillance, exposant ainsi d’autres résidents à la violence; et
    • Le fait de ne pas respecter le droit au sommeil en réveillant les résidents en pleine nuit pour effectuer des tâches ménagères ou des soins personnels;
  • Si la poursuite réussit, les résidents des CHSLD à travers la province partageraient un paiement de 500 millions de dollars en dommages, le montant dépendant du temps passé dans l’établissement et de ce que la personne a dépensé pour les biens et services. Cependant, la plainte ne demande pas explicitement à corriger les problèmes et ne réclame pas non plus d’accroître l’accès aux services à domicile.
  • La plainte intervient cinq ans après le règlement du recours collectif contre la résidence Saint-Charles-Borromée pour plaintes de négligence et d’abus. Cette affaire, déposée en 1999, a été réglée hors cour après 13 ans, pour plus de 7 millions de dollars, divisés entre 600 résidents.
  • Les soins aux aînés sont devenus un enjeu majeur dans l’élection provinciale au Québec, le 1er octobre. Les libéraux ont proposé de créer 1500 nouveaux lits de soins de longue durée (dont 500 seraient réservés aux moins de 65 ans) et d’attirer plus de personnel en augmentant les salaires. Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a promis 200 millions de dollars en rénovations des CHSLD, y compris la climatisation dans toutes les installations, et «améliorer» le ratio personnel / résident.
  • François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), a promis de remplacer les CHSLD par de plus petites « résidences pour personnes âgées » dotées de chambres climatisées. M. Legault a déclaré: « L’État a la responsabilité de loger nos aînés et nous avons besoin d’une nouvelle direction. Nous devons le faire avec l’humanité. Nous le devons à nos aînés qui ont bâti le Québec. » Legault a fait allusion au soutien des soins à domicile (« Une personne en CHSLD, ça coûte 86 000 $ par année. Grâce aux maisons et aux bénévoles, ça permet à l’état de fournir des services à moindres coûts. ») Par contre, il soutient également l’extension de l’euthanasie aux personnes atteintes de démence.
  • L’incapacité à contrôler sa vie – être à la merci des institutions, de son personnel et de ses politiques – peut causer un désespoir suicidaire parmi les aînés et les personnes avec déficiences. L’introduction du suicide assisté et de l’euthanasie augmente le risque de ces situations, car les résidents auront désormais les moyens, et la bénédiction de la société, de mettre fin à leurs vies. Fournir des soins autogérés n’améliorera pas seulement la vie des personnes avec déficiences, cela pourrait aussi la sauver.
TVNDY